Le roseau pensant, Lajos Lencsés

Il joue avec ses mains et il écrit avec son coeur. Voici non seulement un hautboïste hongrois de renommée internationale mais un poète ayant rédigé ses mémoires d'abord en allemand puis ensuite en français. Quel courage et quelle merveille !

Le roseau pensant est le titre, en référence à une pensée de Blaise Pascal: "L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant 26." Pendant dix ans, Lajos Lencsés a rassemblé ses souvenirs, a écrit, comme il le dit, "à l'encre", a raturé et a recommencé sans cesse. Cet ouvrage est écrit sans "ambition littéraire, non dans un langage léché d'un intellectuel mais avec des phrases des fois boiteuses d'un musicien hongrois amoureux de la langue française."

"Un musicien qui traverse le monde à coeur ouvert, les oreilles ouvertes, les yeux ouverts a sûrement une existence riche 26 Chaque musicien doit-il écrire un livre ? Peut-être " Je le fais parce que je suis profondément reconnaissant de cette existence, qui depuis mes origines très modestes m'a conduit au mille merveilles du monde."

Lencsés est quelqu'un qui sourit à la vie et qui voit toujours en premier lieu le bon et le possible en tout et en tous. Ce regard sur le monde l'a sans doute aidé à surmonter le traumatisme qu'il s'est infligé et qu'il a dû s'infliger : la coupure de ses racines. Après une enfance dans un village de paysans de montagne et des études à Budapest, il a volontairement quitté la Hongrie à l'âge de 23 ans pour la France, afin d'y vivre comme il le rêvait : "intensément et librement". En allant de Paris à Stuttgart, en passant par la "Philharmonia Hungarica" fondée par des réfugiés hongrois, il s'est fait de nouveaux amis - et établi dans deux endroits où il se sent chez lui : une résidence au Bopser, près de Stuttgart, dans le Land de Baden-Wurtemberg et une maison en Provence.